25 oct. 2007

spirale noire

ESSAI AUTOBIOGRAPHIQUE

«Il faut que l’homme passe, avec armes et bagages, du côté de l’homme. Assez de faiblesses, assez d’enfantillages, assez d’idées d’indignité, assez de torpeurs, assez de badauderies, assez de fleurs sur les tombes, assez d’instruction civique entre deux classes de gymnastique, assez de tolérance, assez de couleuvres!»[1]

Prologue

Durant l’enfance, mon sommeil se truffait littéralement de cauchemars. Mais le plus horrible de ces mauvais rêves était celui, récurrent, de la spirale noire sur fond blanc. À l’âge de onze ans, ce maudit rêve m’obséda pendant des mois en revenant me tourmenter presque chaque nuit. J’en étais même venu à avoir peur de me coucher le soir.

Toujours le même scénario. Il n’y avait au début qu’une douce lumière blanche, également diffuse, qui, les premières fois du moins, m’inspirait un très grand calme et un immense bien-être. Puis un tout petit point noir apparaissait en plein centre de cet écran et commençait à tournoyer lentement. Avec cette apparition naissait en moi l’angoisse. Ce point me dérangeait, venait bouleverser ma quiétude. Ensuite, le point noir accélérait son mouvement pour devenir une affreuse spirale qui envahissait tout l’espace blanc, le chamboulant complètement, ainsi que mes états d’âme. Je m’éveillais alors en sursaut dans mon lit, tout en sueur, la gorge sèche, avec le coeur qui battait fort dans mes tempes et qui me défonçait presque la poitrine. À partir de la x ième de ses macabres représentations oniriques, je paniquais avant même que le petit point noir n’apparaisse.

Or une nuit, dès le début de ce drôle de film abstrait, je décidai, allez savoir pourquoi, d’entrer volontiers dans le mouvement de la spirale noire et même d’en jouir, plutôt que d’y résister désespérément et de le subir. Au terme du rêve, je m’éveillai en sursaut encore cette fois-ci, mais la peau sèche, la gorge bien humectée, et le coeur battant de plaisir et d’enthousiasme.

Je désirai alors de toutes mes forces le retour du fameux rêve. Mais il n’est plus jamais revenu animer mes nuits.

[1] André Breton, «Manifestes du surréalisme», Édition du Club France Loisirs, La Bibliothèque du XXe sciècle, 1990, p. 341.

André Desjardins

1 commentaire:

Anonyme a dit…

On a hâte de lire la suite...

Un admirateur