29 nov. 2007

Ma vie


Bonjour, je m'appelle Michel Trudeau. Je commence à l’âge de 8 ans. J’ai été dans une école qui venait d’ouvrir ses portes à Longueuil. Je pouvais apprendre à lire, mais j’étais incapable. Mes parents ont engagé un professeur privé à la maison; j’ai appris à écrire mon nom et faire quelques phrases, mais j’étais rendu au bout. Je me suis découragé. Trois fois par année, je passais un mois à l’Institut de Réadaptation de Montréal pour apprendre en ergothérapie et faire de la physiothérapie. Il y a 50 ans c’était rare les écoles pour handicapés sur la rive sud. Je pouvais marcher seul sans tomber jusqu’à 49 ans.

Je saute à l’âge de 16 ans, l’année de l’Expo. Nous sommes arrivés dans une nouvelle maison, mais toujours à Chambly. J’avais toujours mon bicycle à trois roues; je me promenais dans les rues et au bord de l’eau. Les gens me parlaient. Si j’avais un problème, on venait m’aider. Je n’avais pas besoin de parler, car j’avais la chance d’avoir des parents qui m’aimaient et qui me gâtaient un peu trop. Ils m’ont toujours emmené en vacances avec eux, tous les hivers un mois et demi à deux mois en Floride et le tour du Québec, une chose que je n’oublierai jamais. Ma grand-maman m’aimait. J’allais la voir le dimanche, et on aimait jouer aux cartes. Elle était mauvaise perdante. Je riais avec elle. J’ai eu beaucoup de peine lorsqu’elle est décédée. J’avais 26 ans.

La même année j’ai demandé à Maman d’aller à Lucie-Bruneau pour voir s’ils me prendraient. Trois mois plus tard on m’a appelé pour dire oui. Je ne voulais plus y aller, mais le docteur m’a dit que c’était bon pour moi d’être avec d’autres personnes comme moi. Je m’ennuyais, mais je rentrais toute les fins de semaine chez mes parents. Je suis allé travailler à « Main forte", un centre pour personnes handicapés. Je suis resté cinq ans à Lucie-Bruneau. Ensuite, je suis resté un an dans un foyer avec cinq jeunes. Il y avait souvent de la chicane et j’étais tanné de les entendre crier. J’ai demandé de partir; on m’a envoyé à L’Esplanade, une résidence de Lucie-Bruneau. Là, il y avait des prisonniers qui venaient s’occuper de nous; il fallait toujours surveiller notre portefeuille, autrement, ils nous prenaient notre argent.

La direction m’a dit qu’il y avait un condo, genre HLM de 3 étages et le premier était réservé pour des personnes en fauteuil roulant. Elle a donné mon nom et j’ai été accepté. Un bel appartement neuf, plein de soleil; j’étais heureux. Enfin, je pouvais avoir la paix. Une femme venait pour le dîner et le souper, en plus d’une femme de ménage. Les premières années, j’ai aimé cela, mais ensuite, je m’ennuyais car personne ne me comprenait. Tous les dimanches mes parents venaient, et on sortait. J’y suis resté 12 ans. Après j’ai commencé à avoir mal aux jambes et j’avais peur de tomber. Maman est venue passer 15 jours avec moi. Elle m’a dit que nous allions à l’Hôpital Maisonneuve où ils m’ont passé tous les tests possibles. J’avais trois neurologues. Je n’ai rien à dire, ils ont été merveilleux. Le docteur m’a conseillé de ne pas retourner à la maison. J’ai été trois mois au Pavillon Maisonneuve. La travailleuse sociale était très gentille et elle m’a dit qu’elle me trouverait la meilleure place pour moi, car j’aimais être libre et sortir avec mon triporteur. Elle m’a expliqué que j’allais avoir la plus belle piste cyclable. C’est où je demeure actuellement. Les deux premières années j’ai aimé cela. Je me suis fait un ami qui me parlait. On était toujours ensemble. Après il est décédé, et j’ai commencé à trouver le temps long. Dans ce temps je marchais seul et je pouvais aller à la toilette tout seul. Le personnel ne me parle pas souvent, heureusement que je vais au Centre Radisson. Au moins tout le monde me parle et la journée est moins longue. C’est une bonne gang que j’aime beaucoup.

Voilà un petit peu de ma vie. Tout dire serait trop long.

À la prochaine pour la suite.v

3 commentaires:

Lucie a dit…

Allo Michel
Ton texte nous permet de mieux te connaître et apprécier tout le courage et la détermination que tu as démontrer dans ta vie afin de te dépasser. Au plaisir de te revoir en janvier et continuer à t'accompagner dans tes apprentissages.
Joyeux Noël et Bonne Année 2008
Mario et Lucie

Lucie a dit…

Bonjour Michel

Je t’écris pour te dire combien tu es bien courageux. Malgré ton handicap, tu es toujours de bonne humeur. Tu réussis bien à te faire comprendre des gens. Malgré tes difficultés tu fonces encore.

Michel Pelletier

Anonyme a dit…

Michel je ne savais pas que tu avais eu toutes ses épreuves maintenant je vis dans le même CHLSD que toi et je suis content et fier quand je te rencontre (surtout le dimanche avec tes parents) et ca parait qu'ils t'aiment. Je te rejoindrai au centre Radisson aussitôt que ma plaie de lit sera presque guéris.